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Usines de pressage au Canada

Les disques des Beatles ont été pressés au Canada de 1963 jusqu’à la fin des années 1980 (et jusqu’à aujourd’hui pour les CD). Bien que le catalogue principal du groupe ait été distribué par Capitol Records, la compagnie ne pressait pas toujours ses propres disques ; elle sous-traitait souvent le pressage à d’autres entreprises, utilisant des matrices métalliques importées directement — et presque exclusivement — de l’usine de Capitol USA à Scranton dans les années 1960 et 1970 (ou des glass masters expédiés depuis Jacksonville pour la production de CD dans les années 1990).

Lorsque les matrices métalliques n’étaient pas envoyées au Canada, les studios RCA Victor de Toronto réalisaient eux-mêmes la matrice métallique à partir des bandes maîtresses envoyées des États-Unis (souvent de New York) : une laque, une matrice métal négative (father), une matrice métal positive (mother) et un moule de pressage (stamper), ce dernier étant ensuite envoyé aux usines pour la production.


**Fait intéressant**

Les premiers 45 tours des Beatles de la série 72000 ainsi que les trois premiers albums uniques canadiens de la série 6000 (« Beatlemania! », « Twist and Shout » et « Long Tall Sally ») étaient des produits de Capitol of Canada : ils ont été entièrement conçus et préparés à Toronto à partir des bandes maîtresses britanniques, tandis que les sorties suivantes ont été réalisées soit à partir de bandes maîtresses, soit à partir de matrices métalliques américaines.


En règle générale, lorsque les numéros de matrice sont estampillés, cela indique qu’ils proviennent de matrices métalliques envoyées de Scranton (USA), tandis que les numéros de matrice écrits à la main correspondent à des plaques de pressage fabriquées au Canada à partir des bandes maîtresses américaines ou britanniques. Beatles ’65 en est un bon exemple : les premières copies sont réalisées à partir de matrices de Scranton (numéros estampillés — comme on le voit sur l’image de gauche ci-dessous — ainsi que le logo triangulaire de la International Association of Machinists retrouvé sur les pressages Scranton), tandis que les copies ultérieures ont été préparées par Graham Newton à Toronto (matrices manuscrites avec les initiales GN).

À noter que Compo a également préparé certaines matrices (par exemple pour l’album Help!), et bien que celles-ci présentent aussi des numéros estampillés (comme on peut le voir sur l’image de droite ci-dessous), le master est d’origine canadienne ; il est facile d'identifier les différences de police de caractères entre les disques Compo et ceux de Scranton : Scranton utilise une police légèrement plus condensée, tandis que Compo utilise une police plus ronde.

Enfin, chaque usine de pressage disposait de son propre équipement, laissant différentes « marques d’outillage » sur les disques pressés, notamment par le gripper qui laissait un anneau de pressage — une véritable signature unique à chaque usine. Ces marqueurs sont les principaux indices permettant d’identifier où un disque particulier a été pressé (en complément des informations de matrice).

Vous trouverez ci-dessous une liste des différentes usines de pressage sous contrat avec Capitol pour les disques des Beatles, accompagnée d’exemples photographiques de leurs caractéristiques distinctives pour faciliter l’identification des disques pressés au Canada.


1. RCA Victor
RCA à Smiths Falls en Ontario a pressé pour Capitol entre 1963 et le milieu de l’année 1976 (leurs activités de pressage pour Capitol ont cessé lorsque Capitol a ouvert sa propre usine à Mississauga). RCA a pressé à la fois des albums et des 45 tours pour Capitol. Les disques RCA se reconnaissent par leur anneau large et creux (deep groove) de 70 mm (pour les LPs — image de gauche) et par la boucle fermée du « L » dans le logo Capitol sur les 45 tours (image de droite).

RCA préparait également des laques à Toronto pour le pressage dans d’autres usines non affiliées à RCA (par exemple l’usine Capitol de Mississauga, Compo et Cinram).

Certains pressages RCA présentent ce qui ressemble à un anneau simple de 70 mm (un centre "affaissé" plutôt qu’un deep groove), ce qui a suscité des interrogations parmi les collectionneurs, certains allant jusqu’à suggérer qu’il ne s’agirait peut-être pas de pressages RCA. Après des recherches approfondies, les auteurs considèrent qu’il s’agit plutôt d’un "défaut de fabrication", ou d’incohérences dans ;la production (où la pression est inégale ou une bulle d’air emprisonnée pourrait altérer la forme de la zone centrale où l’on trouve normalement le deep groove), plutôt que d’une variation distincte de pressage.

Il n’y a aucun indice laissant croire que ces disques proviendraient de machines différentes ou d’une période différente, et ils ne justifient donc pas une entrée distincte dans cette archive — certains disques présentent même un anneau simple d’un côté et un deep groove de l’autre, ce qui prouve qu’il s’agit tout simplement de pressages RCA standards. Ci-dessous, un exemple montrant les deux faces (différentes) du même premier pressage de 1970 :


Au début des années 1970, RCA expérimentait un nouveau composé de vinyle appelé Dynaflex, censé être plus flexible, ce qui donnait des disques très souples et parfois beaucoup plus minces. Ces pressages avaient un anneau de pressage différent, nettement plus petit et presque identique à celui des pressages Compo (24 mm au lieu de 25 mm).

Sauf pour certains albums spécifiques qui furent pressés simultanément par les deux usines (Rubber Soul ou les albums Apple, par exemple), les matrices n’étaient généralement pas transférées d’une compagnie à l’autre. Ainsi, les rééditions avec petit anneau de pressage sont habituellement soit « toujours Compo » pour les albums traditionnellement pressés chez Compo (Revolver, Sgt. Pepper, etc.), soit des pressages Dynaflex pour les albums traditionnellement pressés chez RCA (Beatles ’65, par exemple, qui a une réédition Dynaflex avec étiquette orange).


Pour plus de détails sur RCA Victor et les informations de pressage, veuillez visiter
Capitol6000.com
, et lire l'ouvrage de Piers Hemmingsen The Beatles in Canada, The Origins of Beatlemania.


2. Compo
Compo (ensuite MCA) a pressé des disques des Beatles entre 1962 et environ 1973, avant que Columbia (CBS) ne prenne le relais, remplacée à son tour par les pressages internes de Capitol en 1976. Compo a pressé à la fois des albums et des 45 tours pour Capitol. Les disques Compo se reconnaissent par leur petit anneau de pressage de 25 mm (pour les LPs — image de gauche) et par la boucle ouverte du « L » dans le logo Capitol sur les 45 tours (image de droite). Compo était principalement utilisé en soutien à RCA pour répondre aux commandes à forte demande (comme celles des Beatles), mais semble être devenu le principal sous-traitant pour les albums Apple entre 1968 et 1975 (RCA intervenant alors en soutien lors des périodes de forte demande).

L’usine de pressage de Compo située à Lachine, au Québec (près de Montréal), a pressé le rarissime 45 tours My Bonnie sur Decca en 1962, mais les opérations ont rapidement été transférées à leur nouvelle usine de Cornwall, en Ontario, en 1963. On ignore si le transfert était complété dès 1963, mais il semble que tous les exemplaires de A Hard Day’s Night (et des albums suivants) aient été pressés exclusivement à la nouvelle installation de Cornwall, même si le revers de couverture de tous les exemplaires jusqu’à la version étiquette beige mentionne encore l’usine de Lachine. Finalement, Compo a également pressé des disques des Beatles pour Polydor et ATCO.




3. Columbia / CBS
Columbia (ou CBS) a pressé des disques des Beatles dès 1973, à la suite d’une grève des employés chez Compo/MCA, et a pressé des disques pour Capitol jusqu’en 1976. La grève n’ayant apparemment jamais été résolue, CBS a de nouveau été utilisé comme principal sous-traitant de Capitol entre la fin de 1983-1984 (lorsque l’usine de Mississauga de Capitol a été fermée) et 1987 (peut-être même jusqu’au début des années 1990, lorsque Capitol du Canada a cessé de produire des vinyles des Beatles). Columbia a pressé à la fois des LPs et des 45 tours. Les disques Columbia se reconnaissent par un très fin anneau de pressage de 68 mm (pour les LPs), ainsi que par leurs numéros de matrice gravés à la main, suivant le système de numérotation typique de Columbia. Les deux périodes de sous-traitance présentent des caractéristiques similaires, mais les disques des années 1970 avec étiquette orange (image de gauche) sont généralement beaucoup plus épais que ceux de la période suivante, avec les étiquettes "retro rainbow" (image de droite). Columbia a également pris en charge le pressage des disques Apple entre 1973 et 1975 (image du centre).



4. Keel
Keel a été utilisé brièvement au début des années 1970. La compagnie pressait des disques pour des labels à petit budget comme Pickwick, qui étaient distribués par Capitol depuis 1967. Il n’est donc pas surprenant que Capitol ait exploré ses options avec l’un de ses sous-traitants proches.

Keel n’a pressé que des albums, mais aucun 45 tours pour Capitol (en ce qui concerne les Beatles), et les disques Keel se reconnaissent à leur fin anneau de pressage de 70 mm (de taille similaire à celui de RCA, mais de style similaire à celui de Columbia). Un autre indice est la qualité générale des pressages Keel, qui apparaît souvent inférieure à la moyenne : l’anneau et les étiquettes sont généralement moins bien définis. Les pressages Keel peuvent être trouvés avec des étiquettes green target (image de gauche), des étiquettes orange (image du centre) et des étiquettes mauves (image de droite). Les pressages à étiquette orange de Keel comportent souvent (mais pas toujours) un petit « K » imprimé près du logo (voir image du centre).



5. Capitol
Capitol du Canada a ouvert sa propre usine de pressage en 1976. Bien que des singles aient été pressés dès le début de cette année-là, les premiers albums produits dans la nouvelle usine ne sont apparus qu’en octobre. Capitol a pressé à la fois des LPs et des singles dans son usine de Mississauga. Les pressages Capitol se reconnaissent à leur anneau de pressage de 39 mm (pour les LPs — images de gauche et du centre) et par leur rebord bosselé ainsi que leurs étiquettes plus petites sur les 45 tours (image de droite). Les derniers disques des Beatles produits à l’usine arboraient l’étiquette "retro rainbow" en 1983, après quoi les opérations ont été transférées à Columbia (CBS).

**Note importante**: Capitol a également produit ses propres rubans et cartouches 8-track à partir de la fin des années 1970 et au début des années 1980, jusqu’à la fermeture de son usine de Mississauga.



6. Cinram
Cinram était un nouveau sous-traitant choisi par Capitol. Cinram a pressé des LPs à la fin des années 1970 (1977-1983), puis de nouveau vers 1987, à la toute fin de la production de vinyles des Beatles au Canada, alors que les CD devenaient la norme. Contrairement à Keel, les pressages Cinram étaient de très bonne qualité, et leurs derniers pressages "retro rainbow" comptent parmi les meilleurs pressages canadiens des Beatles en termes de qualité sonore.

Les disques Cinram se reconnaissent par leur petit anneau de pressage de 29 mm (pour les premiers LPs — images de gauche) et par une plaque en retrait de 70 mm sur leurs pressages plus récents (image de droite). Les pressages Cinram peuvent également souvent être identifiés grâce aux marques inscrites dans la "zone morte" (trail-off), soit un CR estampillé dans un cercle, soit un CR manuscrit en cursive stylisée, bien que certains disques Cinram aient été pressés à partir de matrices produites par Capitol et n’affichent alors que les marquages Capitol.



7. Quality
Certains albums et 45 tours n'étaient pas distribués par Capitol et étaient donc confiés à d’autres compagnies qui sous-traitaient également leurs pressages à des usines externes. L’un de ces « autres acteurs » était Quality, qui pressait des disques pour Metro et MGM. Les disques Quality se reconnaissent par leur anneau de pressage de 70 mm similaire à celui de RCA (avec un deep groove moins prononcé que celui des pressages RCA pour les premiers LPs — images de gauche) et par un fin anneau de 70 mm pour les pressages ultérieurs (image du centre).

Les 45 tours, quant à eux, sont assez similaires aux disques RCA ou Compo, mais sont en général plus épais et plus robustes (image de droite), et probablement fabriqués à partir d’un composé de vinyle différent. Quality indique habituellement que les disques ont été fabriqués chez eux par la mention : « Manufactured by Quality Records Limited ».



8. Ampex et Lear Jet (Tapes)
Capitol Canada n’était pas équipé pour produire de cassettes à la fin des années 1960, et a donc sous-traité la fabrication à d’autres entreprises, comme la filiale canadienne d’Ampex, qui a produit à la fois les bobines (reel tapes), les premières cassettes (parfois avec des moules américains identifiant les cassettes comme « Made in USA ») et des cartouches 8-track (sous son format Datapack — images de gauche et du centre). En 1973, la production des 8-track a été transférée à The Lear Jet Corporation, qui a produit des 8-track canadiens jusqu’en 1976 (souvent avec des étiquettes américaines apposées sur des cartouches canadiennes — image de droite).

9. Disque Americ (CDs)
Disque Americ (ou Americ Disc) a été fondé à Montréal et opérait à partir de Drummondville (Québec) entre le 19 février 1987 et février 2011. Les CD des Beatles ont été pressés par Disque Americ entre environ 1989 et 2009. Cette entreprise avait été créée à l’origine comme filiale de MPO. La propriété légale de l’entreprise a changé au fil du temps, notamment en 1993, année où un nouveau logo semble avoir fait son apparition dans la zone morte (trail off) des disques.



10. Cinram (CDs)
Fondée en 1969 à Montréal, Cinram a pressé de nombreux LPs des Beatles dans les années 1970 et 1980, mais a également offert des services de pressage de CD pour EMI à partir d’environ 1989. Les premiers CDs étaient identifiés par le nom de l’entreprise écrit en format texte (image de gauche). Cinram a pressé des CDs des Beatles de façon sporadique jusqu’à aujourd’hui. Le nom de l’entreprise a changé en 1997 pour devenir Cinram International, moment où le nom a probablement commencé à apparaître sous forme de logo dans la zone morte (trail-off) des disques (image du centre), au lieu d’être simplement en format texte. Cinram presse encore aujourd’hui les CDs des Beatles, notamment les rééditions remastérisées de 2009 à aujourd’hui, qui portent les marquages de l’entreprise.



11. EMI (CDs)
EMI a ouvert sa propre usine de pressage de CDs en 1995 qui est demeurée opérationnelle jusqu’en 2007. Ce n’est qu’à partir de l’acquisition d’EMI par Universal en 2012 que « EMI » a recommencé à produire ses propres disques (souvent en sous-traitant également auprès de Cinram). Ces pressages se reconnaissent par leur centre non texturé et par les marquages EMI présents dans la zone morte (trail-off). Ces pressages canadiens étaient souvent réalisés à partir d’un glass master envoyé depuis Jacksonville, aux États-Unis.